Du paganisme à Nietzsche. Se construire dans le metal

J’ai mis tellement de temps à finir ce livre, et c’est dû en partie que je n’ai pris aucun plaisir à le lire.



Commençons par le commencement, le titre du livre : « se construire dans le metal » non, pas du tout, ce livre ne nous conseille pas, ne nous explique pas comment, pourquoi ou s’il serait possible de se construire dans le métal.
Je résume vite fait mais l’auteur qualifie les métalleux comme une horde de zombi bipolaire et contrasté ayant tous la même pensée mais l’exprimant de différentes manières. Il a son avis bien tranché là-dessus, il est persuadé d’avoir compris la totalité des hommes et femmes du monde qui aiment ce style de musique.

je vais vous retranscrire quelques elements qui m'ont marqués

Citation :

Par le logo les auditeurs se retrouvent instantanément dans l’univers du groupe […] le code du metal spécifie que ce qui est dépeint doit être menaçant, effrayant, une suggestion du chaos.

Citation :

Cependant, on assiste à une évolution conceptuelle des logos et des iconographies. Certains groupes, comme les Suédois de Shining ou les Français d’Antaeus n'utilisent plus de logo illisible ou ésotériques mais une police conventionnelle comme la time New Roman pour écrire leur patronyme sur leurs albums. Il joue avec leur appartenance et inversent les codes de leur genre musical en rompant avec son imagerie tranchante. Le quidam n'est plus renseigné par le logo pour savoir s'il a dans ses mains un album de métal mais seulement par une opposition bipolaire de couleur un noir dominant ou encore un dessin étrange, occulte, comme jadis les groupes rock Pink Floyd ou the door. Certains, comme death spell oméga, refusent dans une volonté d'intégrité et de distanciation, d'apposer un titre ou ne serait-ce qu'un écrit sur leur pochette d'album. Seule l'image subsiste, elle doit constituer un mystère. Le texte ne doit pas atrophier son langage non-verbal. L'iconophilie du style est alors multiplié. On la somme d'instiller un pouvoir d'identification. Le groupe cherche toujours à susciter un goût étrange à celui qui observe son album. Si les pochettes sont rarement composées d'une photographie, c'est avant tout pour faire oublier la société. Par conséquent, l'esthétique est ici la première arme d'inversion.

Citation :

La caractéristique des métalleux est de refuser tous dogmes et institutions.
Sans émettre de jugement de valeur, on constate que les métalleux sont en général moins cultivés que les industrieux mais d’un autre coté plus spontanés et bien moins engagés. Cela devrait rassurer les pouvoir public étant donné qu’ils sont beaucoup plus nombreux que les industrieux.

Il cite beaucoup de personnes absolument anti métal comme Stéphane François ou Alain de Benoist
« On y trouve surtout des adolescents désireux de surenchérir dans la provocation , qui naviguent entre fanzines éphémères et création musicale agressive […] Certain sont de francs psychopathes, qui se sentent invinciblement attiré par la bestialité, cimetières, messes noires voire nécrophilie »






Il cite plusieurs fois Ishahn d’Emperor parce qu’il incarne cette tendance bien particulière.

« L’idée générale serait d’être une religion a part entière ou croyance et morale seraient fondés sur une expérience personnelle plutôt que sur l’aspect primitif de la loi, de la religion ou de l’opinion publique »

« J’ai été très inspiré par Nietzsche a un moment, au départ, je m’en étais tenu éloigné parce que je l’associais aux thèmes tenus par les nazis et je ne voulais rien avoir à faire avec ce genre de truc. Mais avec un nouveau regard, je me suis rendu compte qu’il n’y a rien de cela, que c’est plutôt l’inverse : il était un artiste, un penseur libre, c’est de cette façon que je le vois » Ishahn





Qui a beaucoup inspiré et inspire encore le black métal ; Tolkien bien sûr mais aussi E.Howard avec Conan, Fritz Lieber… il définit cette inspiration comme un rejet de la réalité.

Citation :

la volonté d’immersion dans les terre du milieu […] Elle nous semble plutôt une négation du monde temporel tout comme l’instrumentalisation du politique est une négation de l’autorité politique.

Il prend comme exemple Summoning et en parle dans quasiment tout le chapitre. Plutôt intéressant de comprendre toute l’inspiration des œuvres papier et le retranscrire en musique.




Dans sa conclusion il a mis en corrélation deux citations, l’un de Eric (probablement un compositeur de black metal) l’autre de Nietzsche, et j'aime beaucoup

Citation :

Quand j'écoute un morceau d'une grande puissance. Seul dans le noir, petit à petit, je me mets en osmose avec la puissance de la musique, je l'assimile, je deviens la bête puissante et sauvage que je suis au fond de mon être. Des visions de bataille de sang, de meurtre sanglant me viennent à l'esprit. C'est enivrant. Quand tout va trop vite, quand tout est trop puissant et sauvage. C'est ça que j'aime dans le Black métal et que j'essaye de transmettre dans mon groupe.

Eric

Citation :

L'art nous rappelle les États de la vigueur animale. Il est d'une part excédent et un débordement de corporéité épanouie dans le monde des images et des désirs. D'un autre côté, une excitation de la fonction animale par des images et des désirs de la vie gagnant en intensité ; Une exaltation du sentiment de la vie, un stimulant de celui-ci.

Nietzsche

Wow !!!
Je connaissais l'existence de ce bouquin, et j'avoue que son titre ne m'a jamais laissé indifférente, sentant à plein nez la quasi thèse philosophique.

Quelques analyses avec références littéraires et philosophiques à l'appui, pourquoi pas, dans l'absolu... cela prouve, quelque part, que le Metal est un style qui ne laisse pas indifférent, et peut même faire couler beaucoup d'encre.

Cela étant dit, je tique comme toi, Fulgrim, sur les généralités énoncées ; j'ai en horreur les gens qui assènent des certitudes, et qui sont trop assertifs dans leurs propos.
Je coince notamment sur une phrase comme celle-ci : "les métalleux sont en général moins cultivés"... ce qui me choque plutôt. D'ailleurs, les multiples références littéraires, historiques, que l'on retrouve dans bien des morceaux, pourraient indiquer plutôt le contraire. Je m'exprime au conditionnel, car ceux qui écoutent ce style de musique ne sont pas forcément impliqués, eux-mêmes, dans la création de morceaux.
Mais j'ai vu, à maintes reprises, des amateurs de Metal cultivés, et souvent dans des domaines peu communs.
D'ailleurs, sur quoi l'auteur base-t-il ses assertions ? Sur des enquêtes ? Il faut nécessairement des sources.

Pour moi, le Metal est un art qui, d'une certaine façon, regarde la mort en face, et s'intéresse à des domaines réprouvés par une morale religieuse millénaire.
Je ne peux pas parler des "métalleux" en général, ne les connaissant pas tous, déjà... mais par ailleurs, j'ai déjà évoqué sur ces pages un sentiment que j'ai, qu'il existe une "génétique commune" à tous, même si on a chacun sa manière de le vivre.

Ses sources sont assez mystérieuses. Soit il n'y a rien, et il exprime ses idées a lui, soit ce fameux "Eric" qui est tres certainement un compositeur de metal. juste un. cité en abondance.

Le plus intéressant bien sur c'est lorsqu'il cite les compositeurs de groupes comme Summoning ou Ishahn. Mais bien sur il trouve le moyen d'infantiliser légèrement.

L'auteur n'aime pas le metal. Il s'en est servi pour s'entrainer a écrire des livres. Il aurai très bien pu choisir un theme comme les pokemon ou le tricot de napperons.

En effet, alors là... rien de plus insupportable que les gens qui y vont de leur jugement, sans source ni intérêt véritable pour le sujet.

Sans doute aurait-il dû, en effet, écrire une thèse sur le tricot...

Déjà rien que le titre Du paganisme à Nietzsche. Se construire dans le metal ne donne pas envie de se pencher sur ce bouquin. Ça à l'air prétentieux et ça sent mauvais à 10 bornes.
Je n'ai pas lu ce livre, mais franchement vu les critiques ici, j'ai bien fait de ne pas l'acheter parce que parler d'une culture quand on ne l'apprécie pas à la base, je ne vois pas l'intérêt.
Enfin si cela aurait pu être pertinent si il y avait eu deux propositions défendues : Une positive et une négative par exemple.