Premier repas

Invité

Baignant dans cette clarté, froide et lunaire,
Sortie des abîmes, défunte éphémère,
Tu ôtas ton linceul, terne chrysalide,
Révélant ta nudité, féline et perfide.

Mi ange, mi démon, nymphe des enfers,
Seuls tes yeux de chat trahirent ta colère.
Impatiente et sauvage, tiraillée par la faim,
Tu réclamas du sang, comme un enfant le sein.

Eveillée par tes sens, les crocs acérés,
Tu sautas sur la proie qui gisait à mes pieds.
Emprunt de terreur, quand tu mordis la chair,
L’homme psalmodia une ultime prière.

Vierge moinillon auréolé de morale,
Tenant dans sa main le corps de l’élu.
Le visage pale et le regard perdu,
Dans l’infini noirceur du vide abyssal.

Les lèvres empourprées par ce breuvage pur,
Tu souris et tu vins te blottir contre moi.
Cet homme mort, fut nourri par la foi.
Et sa foi nourrit, ton immonde nature.